L’agriculture guinéenne confrontée à un déficit d’accès aux Marchés

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L’un des défis majeurs de l’agriculture guinéenne est le développement des marchés agricoles au niveau local, national et régional en général, et l’amélioration de la structuration des chaines de valeur agricole en particulier afin d’améliorer la compétitivité des produits locaux.

Ainsi, malgré les efforts consentis par le gouvernement et ses partenaires au développement, force est de constater que les filières agricoles sont, en générale, très fragiles lorsqu’on remonte la chaine en amont. On s’aperçoit alors que ces dernières apparaissent fortement dépendantes de l’étranger pour leur approvisionnement en intrants et équipements. A titre d’exemple, le cout de la pomme de la pomme de terre du Fouta sous forme de semences améliorées, produit phytosanitaires et engrais – le tout étant importé – atteint près de 37% de la recette qui est dégagée. Ce fait, d’une part, se traduit par la réduction considérable de la valeur ajoutée locale des activités agricoles concernées et, d’autre part, les soumet au risque permanent de renchérissement des coûts des équipements et des facteurs de production, de sorte que les gains de productivité réalisés au niveau local sont récupérés par l’extérieur à leurs profits.

A la production, de nombreuses contraintes qui entravent l’agriculture guinéenne font que les productions individuelles des agriculteurs sont très faibles, ils ne peuvent donc pas s’imposer sur le marché. D’où la nécessité pour ces petits producteurs de s’organiser en groupements et coopératives en vue de constituer une force de négociation de défense de leurs intérêts communs. Cependant, malgré l’émergence de nombreuses organisations paysannes dans le pays depuis le début des années 1990, les producteurs ne disposent pas assez d’informations sur le marché en termes de prix, de concurrence et de préférence des consommateurs. Ce qui ne leur permet donc pas de tirer le maximum de profits de leur production.

Outre le fait qu’elle soit dépendante de l’extérieur pour son approvisionnement, la production agricole guinéenne, le plus souvent, n’est pas pour autant intégrée aux autres secteurs de l’économie nationale, notamment à ceux des industries de transformation capables de booster la valeur ajoutée. A titre d’exemple Le taux de perte post – récolte est évalué à 22% pour le riz.

 Par ailleurs, la consommation intermédiaire ramenée à la valeur de la production agricole atteint en moyenne plus de 33%. Or Ce défaut d’intégration représente autant de manque à gagner en termes de valeur ajoutée, de création d’emplois, de diversification des marchés et finalement d’opportunités de développement.

Enfin au stade de la commercialisation sur le marché intérieur et extérieur, les produits agricoles sont confrontés à de nombreux problèmes qui défavorisent leur compétitivité et portent préjudice aux intérêts des producteurs et des consommateurs. Les circuits de distributions, déjà non intégrés à la production, apparaissent trop souvent encombrés par une multitude d’intermédiaire qui s’accapare de l’essentiel de la valeur ajoutée en aval.

L’analyse du marché sous régional indique que le pays dispose d’un avantage pour l’exportation de certains produits agricoles, notamment le riz à cause de leurs bas prix. Cependant, l’insuffisance des moyens logistiques, le manque d’organisation des opérateurs et l’absence d’une politique de marketing dynamique et offensive sur le marché sous régional, empêchent le pays de saisir cette opportunité.

En plus du fait que les filières du sous-secteur agricole soient peu structurées, elles apparaissent très peu financées à cause de la faible bancarisation des acteurs par le système bancaire et de microfinance. L’agriculture sous contrat entre les producteurs les industries ne se retrouvent que dans de rares cas.

De manière générale, les problèmes rencontrés sur le terrain de la structuration des chaines de valeur sont principalement le faible niveau d’organisation des acteurs des filières agricoles, l’absence d’outils de promotion de la chaine de valeur agricole et le déséquilibre dans la répartition de la valeur ajoutée entre les acteurs de la filière.

 

SINAYO Sékou, Ingénieur agroéconomiste

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