PROBLEMATIQUE DE LA DATE LIMITE DE CONSOMMATION DES PRODUITS ALIMENTAIRES EN GUINEE, QUEL ENJEU, QUELLES SOLUTIONS ?

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Jean Claude KOLOMOU est Ingénieur en agroalimentaire, Consultant et Formateur. Il profite de ce créneau d’agriguinee.info pour sensibiliser ses compatriotes guinéens sur la consommation des produits périmés.

PROBLEMATIQUE DE LA DATE LIMITE DE CONSOMMATION DES PRODUITS ALIMENTAIRES EN GUINEE, QUEL ENJEU, QUELLES SOLUTIONS ?

Introduction

Des supermarchés jusqu’aux étables dans les rues en passant par les boutiques et restaurants, la population guinéenne est confrontée à un risque très percutant quant à l’achat et la consommation des aliments à date de péremption proche, atteinte ou dépassée. Quels enjeux pour une population non informée mais aussi pour un gouvernement pas très exigent ?

Allons-y à la genèse

Depuis l’antiquité, l’humanité ressentit le besoin de conserver les aliments. Selon les historiens, les hommes préhistoriques vivaient de la chasse et de la cueillette. Au cours de son évolution, l’Homme introduisit dans son mode de vie, l’agriculture, la pêche et l’élevage. Ces activités permettaient à l’Homme de prendre soins de son alimentation plutôt que de continuer à manger de façon sauvage. En plus, les populations augmentaient de plus en plus tandis que ces plantes et ces animaux sauvages ne suffisaient plus pour l’alimentation des Hommes d’où le besoin de pratiquer l’agriculture, la pêche et l’élevage.

Au fil du temps, ces activités procuraient à l’Homme plus qu’il en fallait, de la nourriture. Les récoltent étaient abondantes sans oublier que certaines plantes sont saisonnières. L’Homme ressenti le besoin de conserver ses produits alimentaires.

L’idée de conservation des aliments naissait, les méthodes se multipliaient peu à peu et l’Homme les développait et les améliorait au fur et à mesure de son évolution. Les premières étaient le séchage, le fumage, le salage et l’enfouissement dans les glaciers. Mais ces méthodes ne s’avérèrent pas toutes suffisantes et très efficaces bien que certaines sont encore utilisées de nos jours et même à l’échelle industrielle. Les aliments conservés par la plupart de ces méthodes n’avaient pas une longue durée de conservation. Il fallait trouver d’autres moyens plus efficaces. D’où était venu l’idée de transformation ainsi que la mise au point des conservateurs synthétiques issus de la biochimie alimentaire.

Au fil du temps, l’Homme s’aperçu de l’importance de ses conservateurs chimique qui pouvaient permettre de prolonger la durée de conservation des aliments pendant de très longue période.

Le monde du 21ème reste tributaire à la consommation des produits alimentaires transformés à l’échelle semi-industrielle et industrielle. Pour des question d’importation et d’exportation, ainsi que de palier aux périodes de disette, les aliments fabriqués à l’échelle industrielle et même semi-industrielle demande l’usage de ces conservateurs chimiques. Mais quoi que l’usage de ces conservateurs soit utile pour prolonger la durée de vie des aliments, nous sommes exposés à un grand risque. Tant à leur présence dans les aliments, mais aussi lorsque l’aliment est proche ou atteint sa date limite de conservation, encore pire quand il la dépasse.

C’est quoi une date limite de conservation ?

La date limite de conservation est une date figurant sur les denrées alimentaires microbiologiquement périssables, susceptibles, après cette date, de présenter un danger immédiat pour la santé humaine. Elle est déterminée par l’industrielle sur la base des tests établit suivants les normes définies par les organismes internationaux accrédités et selon la nature du produit transformé. Cette date détermine la durée de vie des aliments. Cette durée dépend de trois (3) choses :

  1. La nature du produit à conserver.

Les produits liquides n’ont pas les mêmes caractéristiques que les produits secs (sec dur, sec mou ou en poudre). Tel ces produits sont différents, tel leurs durées de vie sont différentes selon les conservateurs utilisés ainsi que les conditions dans lesquelles ils doivent être conservé.

  1. Le conservateur utilisé

Chaque conservateur est conçu pour un rôle spécifique selon sa nature et son aspect chimique. Bien qu’utilisé parfois comme conservateur, l’acide citrique a un rôle beaucoup plus acidifiant qu’il ne peut être considéré comme un conservateur proprement dit. C’est d’ailleurs son pouvoir d’acidifiant qui, en agissant sur le milieu, peut contribuer à inhiber en partie les microorganismes. Contrairement à l’acide benzoïque qui est un parfait conservateur avec un effet impressionnant sur l’inhibition des microorganismes. Le codex alimentarius liste tous les conservateurs par type ainsi que par leurs utilités et leurs spécificités. Cela veut dire que le type de conservateur est crucial selon la nature du produit à conserver afin de prolonger sa durée de vie.

  1. Les conditions de conservation ou conditions de stockage

Les conditions dans lesquelles les produits sont stockés peuvent avoir une influence sur leur durée de vie. Si un produit comme la boisson doit être stocké dans un endroit frais, est stocké dans un endroit chaud ou est exposé au rayon solaire, la chaleur ou les rayons salaires peuvent déclencher certaines réactions enzymatiques qui, à leurs tours vont dénaturer le produit même avant la date limite de conservation. Cela peut être non détectable physiquement sur le produit. Mais peut s’avérer néfaste pour le consommateur.

Pour ainsi dire qu’un produit selon sa nature, les conservateurs utilisés ainsi que les conditions de stockage, peut avoir une durée de vie longue ou courte.

Différence entre date limite de consommation et date limite d’utilisation optimale

  • La Date Limite de Consommation ou DLC est cette date qui, une fois dépassée, le produit n’est plus apte à être consommé. Sa consommation expose le consommateur à un grand risque de santé. Le plus souvent, lorsque le produit est déjà à trois (3) ou deux (2) mois de cette date, il est conseiller d’être prudent quant à la consommation de tel aliment. Car les réactions de dégradation ainsi que les activités enzymatiques ont déjà commencé. Consommer un tel aliment est potentiellement dangereux pour le consommateur. S’il arrive d’ailleurs que les conditions de stockage n’ont pas été adéquate, cela peut encore constituer un grand danger pour le consommateur.
  • Pour la Date Limite d’Utilisation Optimale ou DLUO, c’est une date qui est marquée sur les denrées alimentaires indiquant leurs durées d’utilisation optimale. Cela veut dire qu’au-delà de cette date, le produit est encore consommable. Seulement, il est possible qu’il perde ses qualités nutritionnelles sans pour autant se présenter dangereux pour le consommateur. On la reconnait sur les étiquettes par cette mention ‘’ A consommer de préférence avant’’

Enjeu de la DLC et la DLUO en Guinée

En Guinée, nous assistons à des faits hors du commun. La majorité de la population ne connait pas l’importance de la date de péremption encore moins si elle est présente sur les emballages ou pas. Nous allons appeler ça un manque d’information ou de connaissance sur cet aspect. Par ailleurs, il faut noter que certains commerçants usent d’un abus de confiance des autorités et de la population pour falsifier les dates sur les denrées alimentaires.

Dans un autre cas, admettons que ces dates existent sur les denrées alimentaires et qu’il n’y a pas eu de falsification. L’exposition de ceux-ci aux rayons solaires, le stockage dans des endroits où il fait très chaud et le fait que les produits se retrouve parfois à même le sol sont entre autres des aspects défavorisant une longue durée de conservation. Le fait est que la chaleur ou les rayons solaire peuvent favoriser les conditions adéquates pour le déclanchement des réactions enzymatique. Ces réactions enzymatiques vont eux-mêmes détruire ou entamer le processus de détérioration de l’aliment sans que les conservateurs ne soient la cause. Malheureusement c’est un fait pratiqué par tous les commerçants dans nos marchés et même dans les boutiques et magasins situés en bordure de route. Dans tous les coins de Conakry ainsi que de l’intérieur du pays, nous observons les faits. Les produits alimentaires en ventes sont exposés au soleil. Le but pour eux est d’attirer l’attention du consommateur que tel ou tel produit est disponible chez eux. Pourtant, le danger est très énorme pour le consommateur qui achète de tel produit et le consomme. Si le consommateur guinéen était informé du danger lié à ces pratiques, plusieurs vendeurs auraient fermé leurs boutiques ou magasin.

Par ailleurs, l’importation à grande échelle des denrées alimentaires est aussi un autre aspect. Exemple : De la France jusqu’en Guinée, en moyenne le navire prend un (1) mois. Une fois au port, en moyenne il faut un (1) mois pour le déchargement ainsi que toutes les procédures douanières pour la sortie du port. Le produit est directement acheminé dans le grand entrepôt. C’est à partir de là que les grossistes viennent s’approvisionner. Le produit y prendra environs deux (2) mois parfois trois (3). Chez les grossistes, le produit prendra aussi un (1) mois ou deux (2). Car c’est à partir de là que les détaillants viendront s’approvisionner à leur tour. Chez les détaillants, le produit pourra passer encore un (1) ou deux (2) pour que le consommateur final puisse entrer en possession. Nous avons en moyenne six (6) mois ou plus pour que le consommateur final en Guinée, entre en possession d’un produit alimentaire fabriqué en France. Si ce produit à une durée de conservation d’un (1) an, et que le commerçant importateur une fois en France, a pris le produit pendant qu’il était fabriqué il y avait déjà quatre (4) ou cinq (5) mois, celui-ci atteindra le consommateur final pendant qu’il est maintenant à onze (11) mois. Donc, il reste juste un (1) mois pour que le produit expire. Et nous avons vu ci-haut que lorsque le produit est à trois (3) ou deux (2) mois de sa date limite de conservation, il vaut mieux s’en méfier encore moins s’il reste un mois. Le cas que nous venons d’expliquer est malheureusement récurent en Guinée.

Il est grand temps pour les consommateurs mais aussi pour les vendeurs ainsi que les fabricants, de prendre conscience de ces pratiques et veiller sur ce que nous mangeons. La raison de l’existence de plusieurs maladies alimentaires graves dans notre pays est évidente.

Une marge pour les autorités afin de prendre des mesures pour garantir la sécurité des consommateurs vis-à-vis des aliments. Parmi ces meures il peut y avoir entre autres :

  • La mise au point des systèmes de vérification et de détection des fraudes liées aux dates limite de consommation souvent falsifiées par les commerçants ;
  • La mise au point des lois imposant aux importateurs qu’une fois à l’extérieur, de choisir les lots qui sont sorties fraîchement des unités de transformation pour que les produits arrivent en Guinée pendant que la durée de conservation reste encore autours d’un an ou plus ;
  • Renforcer les systèmes de détection des denrées alimentaires expirés mais qui sont toujours en circulation et mettre au point des mesures disciplinaires en guise de correction aux fautifs.
  • Trouver une possibilité d’inclure dans le système éducatif Guinéen, des moyens pour éduquer la population sur ces connaissances.

Quant aux consommateurs :

  • Vérifier toujours la date de péremption des aliments avant de consommer ;
  • Se méfier des aliments dont la date de péremption ne reste que trois (3) ou deux (2) mois. Les commerçants les vendent souvent à bas prix pour tirer profit.

Ces mesures entre autres non exhaustives sauront contribuer à assurer une sécurité alimentaire de la population.

Soyons vigilant sur ce que nous consommons, si notre bien-être compte pour nous !

Jean Claude KOLOMOU

Ingénieur en agroalimentaire, Consultant et Formateur

Tel : (+224) 627 088 457

Email : jckolomou@gmail.com

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